396 GIBRALTAR ont, lors du « grand siège », de 1779 à 1783, repoussé l’effort des Français et des Espagnols, et supporté le bombardement des fameuses batteries flottantes du chevalier d’Arçon, ne serviraient plus guère aujourd’hui à empêcher un débarquement par surprise. De même, les célèbres galeries, percées en tunnel dans la masse calcaire, et qui montent en pentes douces le long du flanc nord du rocher, n’ont plus de valeur militaire : les embrasures, taillées à même le roc, offrent d’admirables points de vue sur la mer et la côte espagnole, mais, à l’exception de quelques pièces modernes de 57 millimètres, à tir rapide, qui commandent toute la zone neutre, leurs vieux canons sont aujourd’hui plus pittoresques que dangereux ; les parois du rocher ne résisteraient pas à l’ébranlement des détonations de la grosse artillerie. C’est sur les flancs et la croupe de la montagne, à Highest-Point, à la tour O’Hara, à Signal-Station, où des routes nouvelles grimpent en lacets le long du rocher, que les canons les plus puissants ont été placés, et c’est de là qu’ils dominent au loin la mer. Près de deux cents pièces de gros calibre, dit-on, garniraient formidablement tout le pourtour de la presqu’île. Une garnison de plus de S 500 hommes, parfois renforcée, est répartie dans les belles et spacieuses casernes de la ville et de « Buena-Yista ». L’Angleterre a toujours, à Gibraltar, plus de troupes qu’il n’en faudrait pour défendre l’étroit rocher; on y a entassé, dans ces dernières années, de l’artillerie de campagne et tout le matériel nécessaire à une expédition. Gibraltar