144 LE MAROC « antiamical » la mainmise, par une puissance quelconque, sur une portion quelconque du Maroc. Il ne s’agirait pas alors, en effet, d’une limitation gênante de notre expansion dans le nord de l’Afrique, mais du maintien même de notre domination en Algérie-Tunisie ; c’en serait fait de notre empire barbaresque, qui nous a coûté tant de sang et tant d’or, où notre race se développe si heureusement et qui nous donne tant d’espérances, si nous devions nous trouver en contact, le long de la province d’Oran, avec des rivaux européens, devenus maîtres de la partie la plus fertile et la plus riche du Maghreb. Si le « partage de l’Afrique » n’est pas complètement achevé, les grandes lignes de démarcation sont déjà irrévocablement tracées et il semble admis que l’Afrique du Nord est le domaine réservé à l’expansion française, le « peculium de la France », comme le disait naguère encore une revue anglaise, le Spectator{, dans un article très curieux où elle suggérait une entente entre l’Angleterre, la France, l’Espagne pour une solution de la « question marocaine » ; l’auteur de cet intéressant travail conseillait à ses compatriotes de ne demander, pour leur part, aucun territoire, mais d’exiger la neutralisation des rives du détroit ; Tanger deviendrait port fi’anc, et, pendant vingt ans au moins, les tarifs de douanes en vigueur ne seraient pas augmentés. Nousavons vu, d’ailleurs, que M. Silvela engage, lui aussi, son pays à une entente avec la France, seule capable de lui garan- 1. Mai 1900.