BIZERTË 375 prunt, l’on construira, à voie étroite, la ligne de Sousse à Sbiba, et enfin, pour donner satisfaction à Bizerte, une ligne en partira pour s’enfoncer, à l’ouest, parallèlement à la côte, dans la région des Mogods et des Nefzas, où une Société concessionnaire d’importantes mines de fer s’engage à exporter, chaque année, 50 000 tonnes de minerai. En y joignant quelques milliers de tonnes de calamine et les produits agricoles que peut fournir la région parcourue par la ligne nouvelle, Bizerte disposerait, dès l’achèvement de ce réseau, d’un « fret de retour » assez considérable. Enfin, le ministère de la guerre a décidé de faire construire de suite le raccordement, par une ligne à voie large, de Mateur à Béja, reconnu indispensable pour mettre les communications de Bizerte avec l’Algérie à l’abri d’un coup de main tenté sur Djedeida, qui n’en est qu’à 20 kilomètres, par un ennemi débarqué aux environs de la capitale. Cette première question, qui a si vivement passionné la Tunisie, est donc aujourd’hui tranchée; lorsque, dans l’été de 1902, la flotte de l’amiral Gervais est venue, au cours de ses manœuvres, simuler l’attaque de Bizerte, une grande fête a réuni, dans la ville nouvelle, le résident général, les représentants de Tunis et les principaux fonctionnaires de la Régence, et il a paru qu’entre les deux rivales la réconciliation était scellée ; il serait donc malséant de revenir sur le passé. Mais l’avenir dira si ce n’est pas faire fausse route que_ de favoriser Tunis, dont le port, quelque argent que l’on y engloutisse, ne sera jamais que médiocre, plutôt que Bizerte ; s’il n’est pas regrettable