LA CONQUÊTE DU TOUAT 235 « qui a été le sujet de tant de discussions inutiles ». Aucun écho, en Europe, ne répondit à la plainte, d’ailleurs assez platonique, du gouvernement marocain. Jamais, du reste, en face de nos diplomates, les sultans n’avaient revendiqué avec insistance leurs droits sur le Touât ; jamais, surtout, nous n’avions admis la discussion des nôtres. Le gouvernement chrétien, habitué à profiter de toutes les discordes et à insinuer son autorité plutôt qu’à l’imposer, s’était simplement servi de la crainte que l’approche des chrétiens inspirait aux tribus du Sud pour leur faire accepter un semblant de suzeraineté; il avait su également bien utiliser les rivalités et les jalousies européennes. Tout fut fini du jour où nous fûmes décidés à agir énergiquement au Touât et à y faire la loi; le Maghzen ne demanda plus qu’une chose : que l’ordre fût bientôt rétabli dans le sud et que nous lui fissions part de l’étendue de nos revendications. Au milieu de l’été de 1900, la conquête paraissait donc achevée, la pacification assurée, les complications évitées. Quelques semaines plus tard, tout allait être à refaire et les difficultés allaient commencer. IV L’on ne met pas le pied sur un nid de pillards, l’on ne trouble pas dans leur possession des populations habituées à l’indépendance, sans exciter des haines et provoquer des résistances. A coup sûr, ces rancunes et ces désirs de vengeance exis-