l’entente franco-italienne 23 garde de notre puissance dans la Méditerranée orientale ; nous ne possédons plus, là-bas, que les restes de notre grandeur passée, mais ces restes sont imposants encore et nous obligent à des devoirs dont l’accomplissement ne sera pas pour nous un sacrifice stérile. Mais il nous suffit aujourd’hui de constater que la force des circonstances fait que l’essentiel de notre effort ne peut plus s’exercer en Orient, où ne sont plus nos intérêts vitaux, mais dans la Méditerranée occidentale, où nous avons acquis un empire qu’il nous reste à achever de constituer et d’organiser. C’est ce que nous voulions dire surtout quand nous écrivions tout à l’heure que l’axe de notre politique s’était déplacé. Il faut, pour en avoir la vivante impression, quitter Marseille, la grande métropole de la Méditerranée française, pour aborder soit à Alger, soit à Oran, Bône, Tunis ou Bizerte. Quand on retrouve la France, après l’avoir laissée depuis moins de deux jours et presque sans avoir perdu de vue les terres dont l’une, la Corse, est, elle aussi, française, l’on pourrait croire que l’on n’est pas sorti d’un lac français et que c’est à nous de dire aujourd’hui, comme les anciens Romains : mare nostrum. Mais, autour du vaste bassin de la Méditerranée occidentale, d’autres peuples ont leur place au soleil. A l’occident, la vieille Espagne interpose la masse compacte de ses plateaux entre la violence de l’Atlantique et ladouceur de la Méditerranée dont les eaux bleues reflètent les usines et les docks de la laborieuse Barcelone, les merveilleux jardins de Valence et