72 INTRODUCTION l’Angleterre ’. Nous expliquons, dans l’un des chapitres qui suivent 2, comment M. Delcassé a donné à la Consulta l’assurance explicite que la France ne verrait aucun obstacle àlaréalisationdes espérances italiennes sur la Tripolitainfe L’Italie, en échange, aurait, dit-on, promis de ne point contrecarrer la politique française au Maroc ; avant 1896, en effet, au temps de la ferveur de son entente avec la Grande-Bretagne, le gouvernement du Quirinal avait déployé une certaine activité au Maroc et tenté de se créer des droits sur le seul pays musulman qui restât indépendant ; elle pouvait, en tout cas, seconder à Tanger le jeu de l’Angleterre ou de l’Allemagne. Qu’elle renonce à ces intrigues, uniquement inspirées par l’envie de nous nuire et de combattre notre influence au profit de nos rivaux, c’est pour nous un avantage réel, mais négatif, et dont il ne faudrait pas exagérer l’importance : la clé du Maroc n’est pas à Borne. Il ne faudrait pas non plus conclure du fait qu’une entente directe a pu intervenir, sur certains points, entre l’Italie et la France, que l’accord ait cessé d’exister entre la Grande-Bretagne et le Qui-rinal; nous avons montré que la force même des choses faisait de la France la rivale de l’Italie dans la Méditerranée, et qu’une entente entre la Grande-Bretagne et l’Italie était nécessaire à l’une et à l’autre des deux puissances. Ici,comme dans l’Europe centrale, les vieilles affinités, détermi- 1. Sur ce point, voyez une curieuse correspondance du Times, citée et commentée par M. Robert de Caix dans les Questions diplomatiques et coloniales du l”r février 1902. 2. Voyez ci-dessous, chap. vn.