LA RÉVOLTE DU R0GUI 173 meurtre. Lors de sa dernière campagne au Tafi-lelt, il dut acheter, par des faveurs et des présents, la neutralité des Beni-Mgild, des Zaïan, des Aït-Ioussi, des Aït-Atta, etc. Les grands caïds de ces puissantes tribus sont indépendants et héréditaires ; le titre que le sultan leur confère n’est que la reconnaissance officielle de leur autorité ; loin d’acheter leurs charges, comme les caïds du Barb, ou de payer des redevances, ils reçoivent du sultan des pensions, en échange desquelles ils reconnaissent sa suzeraineté. La plus grande influence, dans ces régions, appartient à Omar-el-Ioussi, caïd des Aït-Ioussi, qui a joué un grand rôle dans les derniers événements. Chef d’une nombreuse tribu, beau-frère du caïd des Beni-Mgild et de celui des Zaïan, Omar-el-Ioussi est un féodal turbulent et batailleur. Trois fois déjà il s’est révolté contre le sultan, et trois fois il a obtenu son pardon, grâce aux sacs de douros dont il a eu la précaution de se munir. Lors d’une de ses dernières révoltes, le caïd et la garnison de Kasbat-el-Maghzen furent massacrés par ses alliés, et tout le pays retourna à l’indépendance. La guerre, depuis lors, n’a guère cessé de sévir, autour de Fez, entre les Oulad-el-Hadj, unis aux Oulad-Allal, et les Aït-Ioussi. Si l’on joint à ces circonstances le mécontentement causé dans toute la contrée, surtout chez les Beni-Mgild qui ont combattu les Français au Touât, par les prescriptions du sultan prohibant la guerre sainte, on conviendra qu’il semblait, au premier abord, que de puissants éléments de guerre civile étaient