252 LA QUESTION DU MAROC dité du ciel, un écran de fumée blanche et de poussière grise; la fuite éperdue des indigènes, sous la voûte protectrice des palmeraies, vers l’asile des montagnes; l’impressionnante parade de 3 500 hommes de troupes régulières, sans compter les goums, déployés autour des oasis : aurait-on provoqué tout ce branle-bas, seulement pour démolir quelques masures en pisé, couper en deux un inoffensif minaret, tuer une vingtaine de pauvres diables et recevoir 60105 francs d’indemnité de guerre? Se serait-on risqué à déranger l’armée bourdonnante des journalistes uniquement pour leur donner, à eux, le plaisir de découvrir le Sahara, et, à leurs lecteurs, l’étonnement de les voir, soudain empoignés par le démon de la guerre, dresser des plans de conquête et rêver à d’homériques batailles sous le grand soleil? Et nous, enfin, en cherchant à établir le bilan des résultats obtenus, devrions-nous conclure que l’on a donné un coup d’épée dans l’eau, si pareille métaphore peuvait être de mise quand il s’agit de coups de canon tirés dans le désert? Non, sans doute, si la manifestation de la force n’est jamais inutile parmi des populations qui ne s’inclinent que devant la fatalité; non, encore, s’il était nécessaire et juste de châtier rudement le ksar de Zenaga qui fut toujours hostile à notre influence et rebelle à l’autorité du sultan, et qui commit l’attentat du 31 mai contre le gouverneur général. Le bombardement de Figuig a certainement retenti dans toute l’Algérie et le Maroc; il a montré, à ceux qui en auraient douté, les moyens d’action dont peut disposer la France; il a été une manifestation qui