LA RÉVOLTE DU ROGDI ISS trouvé le mokaddem de la mosquée de Mouley-Idris. On se remémora tous les actes du jeune sultan, ses propos peu orthodoxes, ses amusements peu conformes aux prescriptions du Coran, les ambassades envoyées, l’année d’avant, à toutes les puissances européennes, ses négociations avec la France, ses concessions sur la frontière algérienne. C’était un traître, vendu aux chrétiens, c’était « un juif qui avait livré aux Français le tombeau de ses ancêtres 1 ». N’avait-il pas, en effet, au moment où nos soldats marchaient sur Igli, le Gourara et le Touât, fait lire à la khotba ( prône qui se fait le vendredi, à trois heures, clans toutes les mosquées où officie un iman officiel ) une lettre où il prescrivait de ne pas atta- Îuer les Français tant qu’ils n’envahiraient pas le afilelt ? Que dire d’un sultan qui s'oppose à la djehad ( guerre sainte ), qui oublie que Mahomet en a fait, pour tous les vrais croyants, une obligation collective ? Tout bon musulman doit faire la guerre sainte, quand elle est prêchée. Il doit au moins la désirer de tous ses vœux, et, pour une cause si juste, il doit partir sans se retourner, divorcer d’avec sa femme, répartir ses biens entre ses héritiers. Par quelle sacrilège aberration le sultan pouvait-il oublier ainsi ses devoirs les plus sacrés et empêcher ses sujets de se conformer aux préceptes du Livre ? I. Le Tafilelt, d’où est sortie la dynastie filalienne actuellement régnante. On crut, dans tout le Maroc oriental, lors de notre expédition du Touât, que nous allions attaquer le Tafilelt. Ces propos ont été entendus par M. de Segonzac, chez les Aït-Izdeg de la Haute-Moulouya.