MALTE 413 Tripolitaine. Tout n’y est, au premier abord, que stérilité et désolation ; mais, dans le repli des vallons, à l’abri des murs en pierre sèche, se cachent des jardins délicieux où mûrissent les beaux fruits que le soleil dore de ses rayons ardents. Méditerranéenne, Malte l’est aussi par son climat doux et souriant, mais perfide et sujet à de brusques accès de colère, où le sirocco souffle, du fond du Sahara, en rafales violentes, qui dessèchent et qui brisent, et qui donnent aux choses cette teinte grise sur laquelle ne tranche pas le feuillage pâle des oliviers. Depuis que des navires se hasardent sur les flots, Malte a été un point de repère et un port de relâche sur la route des peuples et des civilisations. Son histoire se confond avec celle de la Méditerranée ; au croisement des grandes voies maritimes, l’archipel a vu, après toutes les guerres qui ont décidé de l’empire des mers, venir à lui des conquérants, de l’est et de l’ouest, du nord et du sud, mais il les a subis sans s’assimiler à eux, et bien qu’aucun coin de terre, peut-être, n’ait aussi souvent changé de maître, il a toujours gardé sa physionomie propre. S’il n’a jamais connu l’autonomie, jamais non plus il n’a accepté la servitude •, il a été comme un creuset où se sont formées, du mélange de toutes les autres, une race et une langue originales. Sachant leur domaine trop exigu pour constituer un royaume et trop bien situé pour ne pas tenter les convoitises, les Maltais se sont résignés à l’inévitable ; mais ils se sont attachés, avec d’autant plus de force, à garder intacts leur idiome, leur religion et leurs