l’entente franco-italienne 57 Nous n’avons pas ici à insister sur ce point1, il nous suffit d’indiquer dans quelle direction s’exerce l’effort de la politique italienne et comment les Italiens, qui s’unissent aux Hongrois pour opprimer les Slaves à Fiume, et aux Allemands poulies molester à Trieste, poursuivent je ne sais quel rêve de protectorat sur un empire jougo-slave qui s’interposerait comme un tampon entre la poussée germanique vers l’est (le Drang nach Oslen) et ce qui resterait de l’empire ottoman. Ils espèrent, en tout cas, que, dans la conflagration générale qui suivrait d’aussi graves révolutions dans les Balkans, ils pourraient saisir l’objet immédiat de leur désir, Vallona et l’Albanie maritime, et réaliser ainsi la domination italienne sur l’Adriatique. Mais, là ne s’arrêtent pas les visées de l’Italie dans la Méditerranée et en Orient. Dominer sur l’Adriatique et en faire un lac italien, ce n’est que le premier pas vers l’hégémonie de la mer Intérieure. Venise ne s’est pas contentée de maîtriser les îles et les côtes de la Dalmatie, elle a rayonné 1. Voyez les excellents articles où M. René Henry a discuté la valeur de l'entente franco-italienne et montré les ambitions italiennes dans les Balkans : le Rapprochement franco-italien, dans les Questions diplomatiques et coloniales du 15 octobre 1902; les Slaves du Sud (1*> juillet 1903); Rapprochement franco-italien, triple-alliance et politique italo-serbe (15 juillet), etc. — M. Charles Loiseau a répondu à ces articles, dans la même revue, le 1** septembre 1903 (A propos de la visite du roi d’Italie) et enfin M. Henry vient de répliquer dans le numéro du 1« novembre. M. Henry vient en outre de publier, sur la politique autrichienne et les visées allemandes en Orient, un volume intitulé : Questions d’Autriche-JSongrie et question d'Orient (Pion, in-12).