l’entente franco-italienne 31 cette triste époque : il nous suffit d’avoir confirmé, par quelques témoignages, cette vérité d’expérience que la rivalité de la France et de l’Italie, pour la domination de la Méditerranée occidentale, est une conséquence naturelle de leur situation géographique au bord des mômes eaux, et, plus encore, un effet de la volonté persistante des Italiens de revendiquer, comme un patrimoine traditionnel de leur race, la prépondérance dans le vaste bassin que les Romains appelaient «notre mer ». IV Entre l'Italie, puissance méditerranéenne, et la France, maîtresse de l’Algérie, il était certain que la Tunisie deviendrait le premier objet de compétition, la première cause de mésintelligence. « Il suffit d'interroger les faits pour nous convaincre que l’union latine est une utopie, écrivait dès 1874 M. H. Gaidoz '... Tous les Italiens ambitionnent pour leur marine la domination dans la Méditerranée, et le jour où l’Italie sera assez forte à l’intérieur pour tenter des entreprises au dehors, nous la rencontrerons à Tunis, comme rivale, et peut-être comme ennemie. » Tunis et Bizerte aux mains de l’Italie, c’eût été la Méditerranée coupée en deux en son milieu, dominée fatalement par la marine italienne, la route des Indes menacée ; c’eût été, pour la France, l’Algérie compro- 1. Revue de France, X, p. 743.