234 LA QUESTION DU MAROC d’août, le général Servière vint faire sa tournée d'inspection générale, il put aisément traverser, avec quelques goumiers, tout ce Touât que nos colonnes n’avaient pu obtenir l’ordre d’occuper complètement. Ainsi, l’opération, heureusement engagée, avait été trop lentement continuée, par le commandement et les bureaux du 19" corps, et dirigée d’après des méthodes absolument inefficaces dans les guerres sahariennes; elle semblait cependant se terminer bien ; mais, si elle coûtait peu d’hommes, les dépenses en argent avaient été « extrêmement considérables1 ». L’époque tardive, où la plupart des colonnes avaient été mises en route, avait augmenté dans de grandes proportions les frais de transport; dix-neuf mille chameaux avaient péri, avant la tin de juin, et, sur les 13 millions et demi que le gouvernement demandait au Parlement2, 10 étaient le prix des transports. Quant aux puissances européennes, nous étions si manifestement dans notre droit et dans notre rôle, qu’elles n’élevèrent aucune protestation, et vraiment la Westminster Gazette résumait bien l’opinion des Etats nos voisins, celle en particulier de l’Angleterre, en parlant, comme « d’un acte parfaitement naturel et légitime », d’une question 1. Déclaration de M. Waldeck-Rousseau devant la commission du budget, 23 juin 1900. 2. La Chambre, le 2 juillet 1900, vota les crédits par 458 voix contre 60, après avoir entendu de vives critiques de M. André Berthelot, un excellent discours de M. Eugène Etienne, et una défense quelque peu embarrassée, du président du conseil. — Voyez Waldeck-Rousseau, Politique française etétrangère (Fas-quelle, 1903, in-12).