348 BIZERTE fait à leurs produits et que les importations françaises ne pussent se développer, dans un pays occupé par nos troupes et dont nous avions pris la dette à notre charge. Ainsi les droits de la France paraissaient se borner à une coûteuse occupation militaire, à une garantie financière onéreuse, à la surveillance de l’administration et des finances indigènes et au contrôle des relations extérieures du bey. Avant d’achever, en Tunisie, son œuvre de réorganisation et de mise en valeur, avant de songer à fortifier Bizerte, il s’agissait donc, pour le gouvernement français, d’amener les puissances européennes à renoncer à leurs anciennes « capitulations », incompatibles avec le régime nouveau, et à admettre qu’il ne pouvait plus exister en droit, puisqu’il n’existait plus en fait, égalité de traitement et parité de situation entre elles et la nation protectrice. Il fallait entamer une série de négociations d’autant plus délicates, pour notre diplomatie, que nous demandions aux autres ütats de renoncer, en notre faveur, à des avantages dont nous leur avions, nous-mêmes, garanti le maintien, et à des droits que rien n’était venu, juridiquement, rendre caducs Nous ne saurions, durant cette courte excursion à Bizerte, faire l’histoire complète de « la révision des traités tunisiens 2 ». Il serait cependant très 1. Ces traités de « capitulations » étaient des conventions sine die, des conventions perpétuelles, ou tout au moins sans échéance déterminée, sauf en ce qui concernait le traité italo-tunisien. 2. C’est le titre du Livre jaune, publié en 1897.— Ci. la Paix latine, de M. Hanotaux (Coinbet, 1903).