BIZERTE 373 guerre, la marine s’empare, par voie de réquisition, de la provision des compagnies de navigation et du commerce privé. Gibraltar, Malte, ont ainsi d’énormes dépôts de charbon toujours frais. Il n’en est pas de même à Bizerte, que ne fréquentent pas les navires marchands ; l’Etat français ne peut compter que sur lui-même pour fournir à son port et à son arsenal, dans les conditions les plus onéreuses, tout le combustible dont ils ont besoin, et pour le renouveler. La Tunisie est prospère, ses cultures florissantes, ses mines riches. Si donc Bizerte manque de fret de retour, c’est parce qu’elle n’a pas de chemins de fer qui lui amènent les produits de la Régence. Une seule ligne la relie à Tunis, qui, elle aussi, est un port. Bizerte réclame depuis longtemps, et avec plus d’insistance encore depuis qu’on l’a dotée d’un arsenal, une voie ferrée nouvelle, dont elle serait le « terminus » et qui apporterait à son port les éléments d’un trafic suffisant1. Nous touchons ici à la question des chemins de fer tunisiens qui, depuis quatre ans, passionne la colonie, qui a nécessité enquêtes sur enquêtes, provoqué un débat devant la Chambre des députés, suscité une foule de brochures et d’innombrables articles de journaux. La lutte est ardente entre Tunis et Bizerte ; et il n’est pas jusqu’à Sousse qui ne prenne part à la bataille. Chacun des trois ports cherche à attirer à lui les phosphates de la région de Kalaat-es-Senam, et chacun vante les 1. On a proposé aussi de faire de Bizerte un port franc. Voyez la brochure : Bizerte vort franc, par M. Delécraz (Extrait delà Revue tunisienne).