MALTE 451 Une inscription pompeuse, sur la porte principale de La Valette, atteste que c’est « la voix de l’Europe (en 1814) et l’amour des Maltais » qui ont confirmé à l’Angleterre la possession de l’an-eien domaine des chevaliers. La « voix de l’Europe », qui s’exprime par les traités, n’est que la notation provisoire de l’équilibre des forces ; et quant à « l’amour des Maltais », les derniers incidents ont montré sa fragilité. L’union de Malte avec la Grande-Bretagne n’est pas un mariage d’inclination ; les puissances, en 1814, n’ont pas déféré aux vœux d’une population ; elles ont régularisé un rapt. Malte est une belle fille qui, ne pouvant vivre seule, se donne aux triomphateurs, ou plutôt, c’est une captive que le vainqueur trouve parmi les trophées du champ de bataille : Gibraltar et Malte, « les clés de la Méditerranée », appartiendront demain, comme aujourd’hui et hier, comme de toute antiquité, aux maîtres de la mer.