LE TRAITÉ DE 1845 199 cace de surveiller ce nid de réfugiés et de coupeurs de routes qui suscitaient à chaque instant des difficultés entre l’Algérie et le Maroc. L’autorité de ce caïd est d’ailleurs toujours restée plus nominale qu’effective; Zenaga, le plus grand ksar de l’oasis, a son caïd particulier; et les ksouriens n’obéissent guère qu’à leurs djemaâ. Ainsi, même aujourd’hui, bien faible est, dans toute la région, l’autorité réelle de l’empereur du Maroc. Très peu instruit, en général, des questions coloniales, le public français, parfois, pour des raisons mystérieuses, s’intéresse jusqu’à l’engouement à quelques points de notre empire. Figuig, comme Tombouctou, a eu cette fortune; et l’on s’indigne encore volontiers, parmi ces « coloniaux », si nombreux chez nous, qui ont plus de bonne volonté que de lumières, de n’avoir pas encore appris l’entrée de nos soldats à Figuig. Il s’en faut que l’oasis ait, par elle-même, toute la valeur qu’on lui prête si facilement; tous les ksour réunis ne comptent guère que 15 000 habitants ; des dattes, quelques figues, quelques légumes, un peu d’orge et de blé, qui ne suffisent même pas à la consommation des habitants, une industrie satisfaite de pourvoir aux besoins locaux, voilà à peu près toute la richesse de Figuig; et, en vérité, notre domaine algérien est assez beau pour que nous nous consolions facilement de n’y pas ajouter quelques milliers de palmiers et quelques centaines d’habitants. Mais Figuig occupe, au débouché des principaux passages du Djebel-Amour, au point où les grands ouadi de la montagne se réunissent pour former cet oued Zousfana et, plus