310 LA TRIPOLITAINE massif de l’Aïr et, de là, en six jours, atteignent le steppe, c’est-à-dire sortent du désert. Zinder, que commande actuellement un poste français, le fort Cazemajou, est le point d'aboutissement de cette grande voie du désert, la ville où s’échan-gent les produits du Nord contre ceux du Soudan ; M. Foureau témoigne y avoir rencontré une douzaine de négociants tripolitains qui trafiquent avec le Bornou et les riches régions de la vallée de la Bénoué *. Telles sont les principales routes du désert qui conduisent à Tripoli; si l’on y joint celle qui, de Benghazi, mène au Darfour et au Ouadaï, l’on aura énuméré toutes les voies par où le commerce africain peut parvenir aux ports des Syrtes. En dépit des témoignages des voyageurs, nous craignons qu’il ne subsiste encore beaucoup d’illusions sur la richesse des royaumes qui entourent le Tchad, du côté du nord, et sur l’importance des échanges qu’ils peuvent faire avec la Tripolitaine ou le Maghreb. La magie des légendes exerce son charme sur nos imaginations européennes ; les caravanes nous apparaissent multipliées, les ballots de marchandises prennent des proportions fantastiques ; l'éloignement produit dans nos esprits un phénomène de mirage comparable à celui qui, dans les plaines arides du désert, grandit les objets en les réfractant et qui donne à la moindre touffe d’herbe l’aspect d’un grand arbre et à la moindre pierre les dimensions d’un palais. La 1. Sur Zinder, voyez le chapitre xi du livre de M. F. Foureau : D'Alger au Congo par le Tchad (Masson, 1902, iu-8 illustré ).