LA CONQUÊTE DU TOUAT 243 ou si nous étions obligés d’aller les châtier chez eux, les puissances étrangères pouvaient y chercher un prétexte pour ouvrir, malgré nous, cette « question marocaine », que nous avions tant fait pour séparer bien nettement de celle du Touât. V Bou-Amama, au printemps de 1901, — c’est du moins ce que l’on racontait alors dans le sud, — aurait dit à un Algérien qui se trouvait à Figuig : « Quand les Français seront las de semer des cadavres sur les roules dn Touât, il faudra qu’ils s’en aillent. » Le marabout se trompait : là où notre drapeau est planté, il reste ; mais il est certain que nous étions las de sacrifier des hommes et de dépenser des millions pour la possession de territoires que nous aurions pu acquérir à bien moindres frais. L’alternative se posait donc très nettement : ou quitter les oasis du Touât, ou les organiser, et assurer leur sécurité avec le minimum de dépenses possible et de façon qu’aucune complication, dans le reste du monde, ne puisse jamais sortir de cette « opération de police algérienne ». D’évacuation, il ne pouvait en être question. L’œuvre d’organisation et de pacification a été, en ces derniers mois, poursuivie avec méthode et elle est en bonne voie d’achèvement : l’honneur et le mérite en reviennent surtout, il serait injuste de ne pas le dire, à l’homme d’intelligence et dee volonté qui, successivement à Tanger, à Paris et à Alger, prit à cœur la liquidation définitive de « la question du Sud », M. Paul Revoil.