466 LA QUESTION DU MAROC pour pénétrer dans les plaines atlantiques ou pour en sortir, la voie que prennent toutes les caravanes de commerçants et que ne saurait manquer d’emprunter, dans un avenir plus ou moins proche, le chemin de fer franco-marocain de Tlem-cen à l’Atlantique par Marnia, Oudjda, Taza, Fez et Rbât. Là sont vraiment les portes du Maghreb-el-Aksa, et c’est Taza qui tient les clés. Taza, à trois journées de Fez et à cinq de Marnia, est bâtie à l’extrémité d’une presqu'île rocheuse « qui s’avance dans la plaine comme un cap’ », et qui domine de 130 mètres le lit de l’oued Innaouen. Véritable oppidum, elle surplombe à pic, de trois côtés, les torrents et les magnifiques jardins qui l’entourent ; du côté du sud-est seulement, on y accède par une pente assez douce, à travers les vergers ; au sud, elle est dominée par les contreforts du Djebel Tazekka (3 000 mètres) qui en rendraient la défense impossible contre un assaillant européen. De tout temps, une ville et une forteresse se sont élevées là, au carrefour des grandes voies commei’ciales qui conduisent, d’une part, vers Tlemcen et vers Fez, de l’autre, au nord, vers Melilla et la Méditerranée, par l’oued Azrou et l’oued Quert, en quatre étapes, et, au 1. Vicomte de Foucauld, Reconnaissance au Maroc (1883-1884), p. 25. Voyez également, sur Taza, la description de M. de Segonzac ; cf. Budgett-Meakin, The Land of the Moors, p. 348; la belle carte du Maroc de M. René de Flotte-Roquevaire dont une deuxième édition, entièrement refondue et mise à jour, est sous presse (Barrère, éditeur), et, du même auteur, Essai d’une carte hypsométrique du Maroc, avec une carte en couleurs, dans les Annales de géographie du 15 juillet 1901.