142 LE MAROC fournir les modèles demandés ; pour lés draps, les laines, nos manufactures pourraient lutter sans désavantage avec celles de Manchester, si elles consentaient à tisser les articles recherchés sur le marché marocain ; au lieu de cela, nous nous contentons de vendre quelques lainages de luxe poulies burnous des grands chefs et quelques étoffes de soie pour les liaïks des belles dames. 11 y a là une situation fâcheuse : notre commerce risque d’être vaincu par l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, en attendant les États-Unis et l’Italie. Il suffirait cependant que, sur la frontière de terre comme dans les ports, nous montrions quelque énergie, quelque esprit de suite, pour conjurer le péril et continuer à occuper la première place. Quelques mesures, prises sans retard, nous aideraient à lutter : sur terre, la prolongation du réseau algérien jusqu’à Lalla-Marnia et, s’il était possible, jusqu’à la première ville marocaine, Oudjda,est indispensable au double point de vue économique et militaire ; il est inouï que cette ligne n’ait pas encore dépassé TJemcen, car c’est la future route de Fez, celle qui donnera un jour à l’Algérie son débouché suri’Atlantique. Du côté de la mer, il est urgent de multiplier et d’améliorer nos services de bateaux, et notamment de subventionner une ligne partant de l’un de nos ports de l’Océan ou de la Manche et allant desservir la côte occidentale du Maroc1. L’exportation et l’importation ne suffisent pas à créer l’influence 1. La pose, au printemps do 1901, d’un câble français do Tanger à Oran a été une heureuse mesure qui affranchit nos communications da l'obligation de passer par les fils anglais ou espagnols