134 LE MAROC III Entre la France algérienne et le Maroc, il n’existe ni une frontière naturelle ni un de ces contrastes de climat ou de relief qui, parfois, incline vers des voies divergentes les destinées de deux peuples voisins.Les chaînes de montagnes, parallèles à la côte, ouvrent des passages naturels d’un pays à l’autre. Le Maroc, plus proche de l’Atlantique, dominé par des massifs plus élevés, est plus arrosé ; ses plaines sont plus fertiles, ses steppes plus faciles à irriguer ; mais il n’y a pas, d’une conti’ée à l’autre, de différence de nature. L’Algérie-Tunisie est un prolongement du Maroc. Les pays barbaresques, géographiquement, sont un tout indivisible et ils l’ont souvent été politiquement ; les conquérants, qui en ont soumis l’une des parties, sont presque toujours devenus, tôt ou tard, les maîtres de toutes les autres, tout au moins des côtes et des plaines. Les Romains, quand ils abattirent Carthage, n’avaient pas l’ambition de dominer toute l’Afrique du Nord ; la force des choses les y entraîna peu à peu. Venus, comme eux, par l’est, les Arabes absorbèrent tout le Maghreb et le convertirent à l’islamisme ; plusieurs fois, des dynasties musulmanes le réunirent tout entier sous leur autorité. Quand Charles X fit occuper Alger, personne, en France, ne soupçonnait jusqu’où nous entraînerait cette conquête : hier, jusqu’à Carthage et jusqu’au Touàt, un j our, peut-être, jusqu’à l’Océan. La frontière actuelle entre le Maroc et l’Algérie est