434 MALTE plus qu’elle n’est comprise d’eux ; elle y est puissante par le nombre de ses cuirassés et la solidité de ses forteresses, mais elle n’y a, nulle part, de racines. C’est pourquoi l’expérience tentée à Malte, sous les yeux et à quelques heures de navigation de la Sicile, de l’Italie et de la Tunisie, présentait, pour la politique anglaise, de sérieux inconvénients ; elle a montré un désaccord radical entre ces deux forces obligées de vivre ensemble et de s’accommoder l’une de l’autre : Malte citadelle anglaise et Malte maltaise. Si faible que soit le nombre des habitants de l'archipel, la résistance d’une race énergique et décidée à garder sa personnalité, est toujours un facteur dont il est imprudent de ne pas tenir compte, et il eût été sans doute plus facile et plus sûr de gagner les Maltais que de les contraindre. S’il est naturel que l’Angleterre cherche à implanter sa langue et ses lois dans ses colonies, il est plus légitime encore que les Maltais tiennent à garder leurs coutumes et leur indépendance relative ; car non seulement l’île est leur patrie, mais elle est leur création. Malte n’était autrefois que stérilité et sécheresse ; c’est à force de labeur et de patience que les habitants ont transformé son sol rocailleux en une terre féconde ; les pierres, enlevées une à une, entassées en murs épais, ont fait place à des champs, et, là où l'humus manquait, les Maltais l’ont fait venir des régions fertiles de l'Etna et importé sac par sac l. Aujour- 1. A une certaine époque, les bâtiments qui désiraient trafiquer dans le port de Malte devaient apporter, en guise de lest, une certaine quantité de sacs remplis de terre.