190 LA QUESTION DU MAROC dépasser le Tell, s’enfoncerjusque dans le Sahara1. Il fut spécifié que « les limites qui existaient autrefois entre le Maroc et la Turquie resteraient les mômes entre l’Algérie et le Maroc ». Mais cette frontière, au cours des temps, s’était déplacée : nos négociateurs s’arrêtèrent malheureusement à celle de l’oued Kiss, qui n’était guère en usage que depuis vingt-cinq ans, au lieu de revendiquer celle de la Moulouya, que la nature môme indique et qu’une longue tradition avait consacrée, puisque déjà, au temps des Romains, elle séparait les deux Mauri-tanies et qu’elle avait, pendant plus d’un siècle et demi, délimité l’Algérie turque et le Maroc. De l’oued Kiss au col de Teniet-es-Sassi, les bornes des deux Etats furent soigneusement déterminées ; mais, plus au sud, la frontière resta indécise; le texte du traité se contenta de nommer les principales tribus et les principaux ksour appartenant à chacun des deux Etats. Le fameux article 4, qui a été la source de tant de litiges, est ainsi conçu : Dans le Sahara (désert), il n’y a pas de limites teriito-riales à établir entre les deux pays, puisque la terre ne se laboure pas et qu’elle sert de pacage aux Arabes des deux empires qui viennent y camper pour y trouver les pâturages et les eaux qui leur sont nécessaires. Les deux souverains exerceront, de la manière qu’jls l’entendront, toute la plénitude de leurs droits sur leurs sujets respectifs dans le Sahara. Et, toutefois, si l’un des deux souverains avait à procéder contre ses sujets, au moment où ces derniers se- 1. Pour la première fois, un mois avant la signature du traité, une colonne, sous les ordres du colonel Géry, avait pénétré sur les Hauts-Plateaux et était entrée en relation avec les Ouled-sidi-Cheikh.