216 LA QUESTION DU MAROC leur nombre à moins de 300 000 ; les statistiques récentes prouvent que la population atteint à peine 60 000 habitants sédentaires, arabes, berbères, haratin, anciens esclaves noirsEncore cette population est-elle misérable ; l’orge, le froment, qui poussent à l’ombre des palmeraies, sont loin de suffire aux besoins des habitants dont beaucoup ne mangent pas à leur faim ou se nourrissent presque exclusivement de dattes. De cette misère résultent deux conséquences intéressantes : d’abord, une forte émigration de gens du Touât vers l’Algérie plus riche, plus tranquille et plus heureuse; ensuite, l’existence d’un important courant commercial entre nos tribus du sud et les gens des oasis, les premiers apportant aux autres les vivres dont ils ne peuvent se passer, la laine pour tisser leurs tapis, et leur achetant, en échange, les dattes qu’ils expédient vers les ports de la côte : en sorte que, par ce double courant d’émigration et de commerce, le Touât est et a toujours été une dépendance économique de l’Algérie. In-Salah, le principal ksar du Tidikelt, passe, dans la plupart de nos livres de géographie, pour le grand carrefour du commerce saharien, le caravansérail où s’échangent les produits du Soudan avec ceux du Nord et où se croisent des caravanes venues de Tombouctou et du Niger, du Tafilelt et du Maroc, de Rhadamès et du Fezzan ; et, à vrai 1. Ce _ chiffre se décompose ainsi : Tidikelt 8800, Gourara 22900, Touât 20400, Zousfana 3000, Saoura 7000. — On estimo à 300000 francs l’impôt que peuvent rendre les oasis.