4S8 IK QUESTION DU MAROC gronde, bientôt apparaît celui qui synthétise ses revendications et qui profite du courant qu’il n’a pas créé. Plus que partout ailleurs l’histoire vérifie cette règle au Maroc, où la loi d’hérédité est mal établie, où plusieurs familles chérifiennes descendent du Prophète comme les sultans filali eux-mêmes, où, enfin, le pouvoir n’est pas seulement conféré par la naissance et par le consentement de la nation, mais surtout par la réputation de sainteté. La plupart des révolutions et des changements de dynastie ont eu pour raison d’être un mouvement de restauration religieuse ou la revanche de l’un des royaumes dont la juxtaposition constitue le Maghreb. Dans les pays d’islam, où les coutumes successorales sont incertaines, il se trouve toujours, en cas de mort ou de défaillance d’un sultan, des compétiteurs tout prêts à lui succéder ou à lui disputer son pouvoir : ce sont ses frères et ses demi-frères. Le père, en général, désigne son successeur, non seulement dans les familles régnantes, mais aussi dans les grandes maisons, où le chef, le détenteur de la baraka (don divin, bénédiction), la transmet à qui bon lui semble, parfois môme hors de sa parenté. De là, autour des sultans, les cabales de cour, les intrigues des femmes ; de là aussi l’atroce coutume des souverains, répandue dans presque tous les pays islamiques, d’inaugurer leur règne par la suppression de tous leurs frères. Mouley-abd-el-Aziz n’a pas manqué à cette précaution, ou du moins le ministre Bà-Hamed y a veillé pour lui. On sait comment, à la mort de Mouley-el-Hassan, la