304 LA TR1POLITAINE d'y rester pendant au moins 2 300 kilomètres (distance de Tripoli à Barroua sur le Tchad) ; si c’est vers Tombouctou et le Niger, la distance est encore plus longue. Et cependant, c’est entre Tripoli et le Tchad que le Sahara offre la moindre largeur ; l’échancrure des Syrtes mord sur le désert, et la courbe parallèle, que dessine la bordure montagneuse des plateaux sahariens, recule la limite de l’absolue stérilité ; un cha pelet d’oasis et de points d’eau facilite, dans une certaine mesure, la redoutable traversée. C’est pourquoi, de toute antiquité, des caravanes sont venues du Soudan à Tripoli, apportant jusqu’à la Méditerranée les produits de l’Afrique centrale. Les Bomains ont connu cette route, et probablement les Phéniciens avant eux; ils ont exploré et occupé le pays des Garamantes ; l’on retrouve, au Fezzan, la trace de leurs travaux autour des sources et des puits ; à Bhadamès, tenait garnison un détachement de la légion IIIe Àugusta, qui resta chargée de la défense de l’Afrique pendant presque toute la durée de l’Empire ; une inscription a perpétué jusqu’à nous le souvenir de son séjour. Depuis l’antiquité, les routes du désert sont restées les mêmes : de Tripoli, deux pistes se dirigent l’une, au sud, vers le Fezzan, l’autre oblique, au sud-ouest, vers Rhadamès. La première traverse le Sahara presque en ligne droite, du nord au sud, et aboutit au lac Tchad. Sorties de Tripoli, les caravanes contournent le Djebel Bharian, puis s’élèvent sur les pentes du plateau crayeux qui étend ses champs de cailloux