194 LA QUESTION DU MAROC ministres... Si cela est vrai, avons-nous bien intérêt à établir, entre le Maroc et nous, quelque chose de précis qui engagerait notre respect pour la légalité et n’engagerait jamais aussi sérieusement nos voisins?... » L’on ne pouvait mieux dire : une frontière n’eût été un obstacle que pour nous. Quand, en 1881, M. Albert Grévy, gouverneur général de l’Algérie, voulant tenter une expéi’ience, prescrivit aux autorités françaises de considérer comme frontière une ligne partant de Teniet-es-Sassi pour aboutir à Aïn-Sfissifa, à l’ouest d’Aïn-Sefra, et fit d’autres démarches auprès du gouvernement pour que la question des confins de l’Algérie et du Maroc fût enfin réglée, il se heurta aux mêmes arguments et aux mêmes difficultés. Au nom des intérêts généraux de la politique française dans l’Afrique du Nord, et pour ne pas engager sans nécessité l’avenir, le ministre des affaires étrangères refusa d’entamer les négociations souhaitées par le gouverneur général. « En règle générale, écrivait alors M. Waddington, l’absence de limites officielles entre deux États est toujours au détriment du plus faible » ; et il insistait pour qu’on ne se hâtât pas de préciser ce que les négociateurs de 1845 avaient heureusement laissé indéterminé. A un autre point de vue, « serait-il sage, comme l’écrivait, le 18 janvier 1886, le ministre de l’intérieur, de reconnaître le droit absolu de l’empereur du Maroc sur des territoires où son autorité n’est que nominale et sur des tribus auprès desquelles une politique habile et persévérante peut nous permettre de développer les