MALTE 433 tenait désormais aux fonctionnaires et, en fait, la représentation populaire n’était plus qu’un vain simulacre. Ce coup d’autorité provoqua, dans l’archipe!, une violente indignation qui se traduisit, dans la rue, par des manifestations bruyantes ou, au contraire, sur le passage du gouverneur, par un silence significatif et par l’abstention des indigènes dans toutes les fêtes officielles. Les membres élus, devenus une minorité, ont, à plusieurs reprises, en manière de protestation, donné leur démission ; ces élections réitérées entretiennent dans l’île l’agitation politique. Les choses en sont actuellement là ; et il semble bien qu’en dépit de la mobilité des Maltais, on puisse affirmer que c’en est fait pour longtemps de leur loyalisme. Cette explosion du mécontentement de tout un peuple, cette mésintelligence qui révèle un dissentiment profond, ne seraient cependant qu’un des plus minces incidents provoqués par la politique d’unification et de concentration impériale que poursuit M. Chamberlain, s’il avait eu pour théâtre quelque lointain archipel ; mais, au centre même de cette Méditerranée sonore, où les échos, d’île en île et de cap en cap, se répercutent si vite et s’enflent à mesure qu’ils se transmettent, ils ont eu, dans tous les ports où les Maltais sont très nombreux, un retentissement extraordinaire; ils ontmontré que l’Angleterre, si elle agit volontiers comme chez elle, dans la Méditerranée, est loin cependant d’y être chez elle ; elle n’a, avec les peuples qui en habitent les rives, aucune affinité de langue ou de race : elle ne les comprend pas 28