LA TRIPOLITAINE 29d caravanes avec les lointains royaumes du Soudan. Toute la Tripolitaine se résume, pour qui arrive d’Europe, dans la seule ville de Tripoli. Se détachant, toute blanche, sur le fond vert sombre des palmeraies, ceinturée d’ocre par ses vieux remparts, Tripoli, avec ses sept minarets, sveltes et minces comme des aiguilles, et les mâts de pavillon des consulats dominant l’entassement des toits plats et des terrasses, a la physionomie générale de toutes les villes de l’Orient musulman et du Maghreb. La baie, assez profonde, mais peu sûre, n’a été améliorée par aucun travail d’art; une langue de terre, qui s’avance à l’ouest, forme une jetée naturelle et protège une rade en forme de croissant ; elle porte des fortifications anciennes et se termine par un fort moderne. L’énorme château des anciens pachas Karamanlis fait face à cette digue et ferme la rade vers l’est. La ville — avec ses souks si animés, avec son arc de triomphe romain dédié à Marc-Aurèle et à Lucius Verus, étrange souvenir classique, à moitié enfoui dans le sable, et qui détonne au milieu du grouillement d’un marché d’Orient, avec ses rues étroites où les maisons se touchent par le haut, avec son ghetto sordide — est resserrée jusqu’à étouffer entre ses vieilles murailles croulantes, qui dominent la mer et séparent la cité des jardins. L’activité commerciale est concentrée dans les boutiques des souks : là viennent s’entasser les produits du Soudan, les dattes du désert, pêle-mêle avec les articles indigènes et les importations d’Europe. Le souk des plumes, où sont apprêtées, triées et vendues les dépouilles des autruches du Soudan,