LA RÉVOLTE Dü ROGEI 167 sud, en remontant les vallées, vers les pays du Haut-Atlas et, plus loin, vers le Tafilelt. Cette admirable position stratégique et commerciale a fait la fortune de Taza ; elle était jadis l’une des sept grandes cités du Maghreb. Léon l’Africain vante sa splendeur ; Ali-bey, qui la vit au commencement du dix-neuvième siècle, la décrit comme une ville prospère, riche, fière de ses superbes jardins, pleins de roses et de rossignols. Bien déchue aujourd’hui, Taza n’est plus que ruines et misère ; ses murailles croulantes ne renferment plus qu’une population peu nombreuse et ses sanctuaires vénérés sont presque déserts ; tous ces malheurs sont dus au voisinage de la terrible tribu des Riata : guerriers redoutés, ils ont fait, de la ville abandonnée par le Maghzen, leur esclave et leur proie ; ils la pillent et la rançonnent sans cesse comme une ville conquise •, elle est, si l’on ose dire, leur vache à lait; les belles palmeraies, orgueil de la cité, sont aux mains des bandes sauvages qui font payer aux habitants la faveur de récolter leurs propres fruits et même le droit de puiser de l’eau dans les torrents qui coulent au pied des murailles. Désespérés, les gens de Taza émigrent; ceux qui restent vivent dans une perpétuelle insécurité ; dans leur détresse ils invoquent le sultan ; le vicomte de Foucauld rapporte môme les avoir entendus envier le bonheur et la tranquillité de Tlemcen. Après des alternatives de succès et de revers, la guerre actuelle a ramené à Taza les troupes chérifiennes qui ont dû, quelques mois plus tard, se retirer de nouveau vers Fez, en faisant, dit-on, sauter