242 LA QUESTION DU MAROC général Serviôre, en mars, achevait de soumettre les oasis du Gourara et remontait, au printemps, vers l’Algérie. Le général Risbourg, en môme temps, intimidait les Doui-Menia en descendant de nouveau jusqu'à Igli et jusqu’à la zaouia de Kerzaz, dont le marabout, très influent, est favorable à notre cause, et rentrait à Duveyrier sans avoir rencontré d’ennemis. Les événements qui venaient de s’accomplir étaient graves : ils l’étaient en eux-mêmes d’abord, parce qu’ils nous avaient causé des pertes sérieuses en hommes, parce qu’ils exigeaient de nouvelles colonnes et par conséquent de nouveaux frais. Nous apprenions à nos dépens que, pour être maîtres du Touât, le plus difficile n’est pas de le conquérir, mais d’y organiser une police capable d’y maintenir à peu de frais l’ordre et la sécurité. L’attaque des Brâber était un indice sérieux : elle prouvait que nous trouverions toujours devant nous des nomades et des pillards, que les dunes et les areg sont comme le maquis du désert, d’où le brigand est toujours prêt à sortir inopinément et où il se retire comme dans un fort, et qu’il fallait recourir à l’organisation méthodique d’une Sainte-Hermandad saharienne. Mais, surtout, le fait que des Brâber, qui appartiennent bien certainement à des tribus marocaines, étaient venus attaquer notre nouvelle conquête, pouvait entraîner les plus déplorables conséquences ; non pas, nous le savions très bien, que le sultan ait le pouvoir d’empêcher une harka de Brâber d’aller piller où il lui plaît, mais parce que, si les Brâber venaient en masse nous attaquer sur la Zousfana,