ET LES PUISSANCES EUROPÉENNES 129 [cur négoce ! Et de quelle valeur peuvent être des « têtes de ponts », qui ne sont que des impasses d’où l’on ne peut s’élancer pour la conquête ou pour le commerce? Il suffit de parcourir les Pre-sidios pour y constater l’état d’abandon où ils ont été laissés trop longtemps. Ceuta, dans une position magnifique et qui pourrait être un autre Gibraltar, n’est qu’une médiocre forteresse ; du côté du Maroc, son territoire, très exigu, et fermé par des montagnes, n’est le point de départ d’aucune route naturelle de pénétration vers l'intérieur ; en 1859, l’armée d’O’Donnell éprouva les plus grandes difficultés à en sortir. Le Penon-de-Velez-de-la-Gomera et Alhucemas sont des pénitenciers ; juchés sur des rochers, dans des îlots stériles de la côte rifaine, ils reçoivent tout d’Espagne, jusqu’à l’eau douce ; avec les tribus du voisinage, ils n’échangent que des coups de fusil; les indigènes haïssent tellement les Espagnols, qu’ils refusent même de leur vendre des vivres et qu’ils se relayent pour monter une garde continuelle et les empêcher de débarquer sur le rivage. Melilla, plus importante, a quelques commerçants juifs et pratique en grand la contrebande ; les Iiifains y viennent s’approvisionner de poudre, d’armes, de marchandises de toute sorte qu’ils colportent, ensuite, dans tout le Maroc oriental et jusqu’aux oasis du sud. Mais, peu intimidés par la nombreuse garnison qui s’exerce et parade, entre les murs croulants de la vieille cité et la ligne de grosses tours rondes qui en défendent les approches, les indigènes empêchent absolument tout Européen de franchir les limites du Presidio, 9