408 GIBRALTAR autre puissance : ce sont eux qui, en 1860, ont arrêté net la marche victorieuse de Prim et d’O’Donnell sur Tanger. Mais, en revanche, ni l’Espagne, ni la France, ni aucune autre grande puissance ne pourrait admettre « un changement qui fût de nature à affecter, d'une façon quelconque, la liberté nécessaire du détroit de Gibraltar 1 ». Lorsque la Grande-Bretagne, en 1808, et à plusieurs reprises en ces dernières années, l’Espagne en 1887, firent des tentatives ¡»lus ou moins déguisées pour planter leur drapeau sur l’ilôt de Peregil, les diplomaties étrangères intervinrent pour les obliger à y renoncer. La stricte justice internationale exigerait sans doute que l’Espagne rentrât en possession de ce roc de Gibraltar, qui fait partie de son sol et où elle a, au cours des siècles, fortement marqué son empreinte ; mais,: si un jour doit venir où l’Angleterre perdra tout ensemble la royauté des mers et la possession de Gibraltar, ce temps ne semble pas encore proche. C’est, pour le moment, un fait, que la Grande-Bretagne, maîtresse de Gibraltar, malgré l’amoindrissement de la valeur militaire de la forteresse, la France, grande puissance méditerranéenne et africaine, l’Espagne, riveraine du détroit, ont, autour de Gibraltar, des intérêts opposés, mais non pas inconciliables. En un curieux article, le Spectator, reprenant un thème qu’il avait déjà développé, cherchait, 1. Discours de M. Delcassé, à la Chambre des députés, lo 11 mars 1903. — Voyez, sur la question de Peregil, la brochure de M. Rouard de Card : l'île de Peregil, son importance stratégique, sa neutralisation (Pedone, 1903).