100 LA. QUESTION DU MAROC Ainsi le Maroc d’aujourd’hui, impénétrable à toute infiltration des idées et des influences extérieures, en même temps qu’il est une citadelle et un centre de propagande de l’islam, est aussi, dans l’islam même, une anomalie et un anachronisme, comme il est une anomalie et un anachronisme au seuil de cette Méditerranée, qui a été l’un des foyers les plus actifs de nos civilisations chrétiennes. II La conception d’une unité nationale, l’idée d’un État, au sens où nous l’entendons, sont inconnues dans le Maghreb-el-Aksa. La communauté de religion est le seul lien qui unisse les divers groupements humains qui y vivent juxtaposés; les uns A les autres connaissent et surveillent jalousement res frontières de leur petit territoire, mais ils n’ont aucune notion d’un organisme politique qui s’appellerait le « Maroc », et dont le chef serait un « empereur ». Ce sont là des fictions créées par nos imaginations européennes. « Un empire qui croule », c’est le titre que l’on a donné à un ouvrage sur le Maroc1 ; mais, bien 1. Un empire qui croule, par Ludovic de Campou(Plon, 18861. — Il nous est impossible de donner ici, sur la géographie du Maroc, l’état social, l’histoire, etc., une bibliographie complète. Jusqu’à l’année 1891, on en trouvera une dans Playlair : Bibliography of Marocco (Londres, Murray, 1892). Signalons cependant, parmi les meilleures : Erckmann, le Maroc moderne (Challamel, 1894); l’article Maroc dans la Grande Encyclopédie, par M. P. de la Martinière (tiré à part); les trois volumes de Budgett Meakin : The Moorish Empire (Londres, Sonenschein, 1901, in-8).