62 INTRODUCTION sion extérieure, obligée de chercher des débouchés pour sa production industrielle, a besoin de l'Allemagne qui la soutient dans la Méditerranée orientale ; elle a besoin des marchés allemands, et, menacée par les projets de nouveaux tarifs douaniers, il lui est utile de rester l’alliée de l’empire, tout en le menaçant de passer dans le camp de la Duplice. En Tripolitaine, l’Italie ne peut guère faire valoir ses « droits » ou ses prétentions qu’au cas d’un cataclysme où l’Empire ottoman deviendrait plus étroitement encore le protégé de l’Allemagne. Enfin, la dynastie de Savoie, qui se sert volontiers, pour sa politique, des forces révolutionnaires, le roi Victor-Emma-nuel III surtout, qui gouverne avec les éléments avancés des partis monarchistes, a besoin de s'appuyer, pour maintenir un trône que les révolutions peuvent encore menacer, sur le représentant de la tradition monarchique, le défenseur couronné des principes conservateurs, l’empereur Guillaume II. Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles la triple alliance a été renouvelée sans modifications et voilà pourquoi M. de Bülow assiste, avec un indulgent sourire, aux coquetteries et aux « tours de valse » qu’il permet volontiers à une alliée dont, sans doute, il aime parfois à railler le caractère volage, mais qu’il sait trop attachée à ses propres intérêts pour être inquiet sur sa fidélité. L’adhésion de l’Italie à la triple alliance est, dans sa politique actuelle, une garantie, une sécurité. Les temps où la Triplice, avec Bismarck et surtout Crispi, cherchait l’occasion d’une guerre