LA TRIPOLITAINE 325 l’und’eux, en se dirigeant ensuite vei’s Alexandrie, longea les côtes de la Cyrénaïque et visita les rades de Bomba et de Tobrouk. Cette démonstration navale, succédant de si près aux déclarations de M. Prinetti, semblait naturellement destinée à leur servir de réplique 1. D’ailleurs, le ton des grands journaux anglais ne laissait pas de doute sur la mauvaise volonté que l’Italie rencontrerait à Londres, si elle prétendait mettre à exécution ses projets, et sur l’intérêt singulier que le gouvernement et l’opinion britanniques attachent à ce que les belles rades du pays de Barka, qui commandent la route de Suez et qui menacent Alexandrie, restent désertes et inutilisées sous le pavillon du sultan. Nous avons montré que l’enchaînement des circonstances et la coïncidence de certains faits avaient pu faire croire que le ministre français des affaires étrangères aurait encouragé l’Italie à occuper la Tripolitaine ; il s’était contenté cependant, si du moins l’on s’en rapporte au texte des déclarations officielles, d’expliquer que nous n’avions aucune ambition sur 1’ « arrière pays » tripolitain, et de reconnaître implicitement à 1. Depuis lors, le bruit a couru à plusieurs reprises d’une occupation de Bomba et de Tobrouk par les Anglais. Le 16 mars 1903 M. de Marinis a interpellé à ce sujet le ministre des affaires étrangères ; le député de Salerne voyait dans ce fait une preuve de l’entente de l’Angleterre et de la France, l’Angleterre donnant carte blanche à la France au Maroc, et celle-ci lui permettant, en échange, de s’établir sur les côtes de Cyrénaïque. Le sous-se crétaire d’État Bacelli n’eut pas de peine à rassurer la Chambre la diplomatie anglaise démentit ces faux bruits ; l’incident se termina par une sorte de reconnaissance implicite des « droits » da l’Italie sur la Tripolitaine et la Cyrénaïque.