BIZERTE 363 loir qui va rejoindre le grand lac; de l’autre, elle s’enfonce dans les terres et s’évase en une baie, la baie de Sebra, qui, avec ses fonds de 7 à 9 mètres, offre un excellent mouillage aux plus grands navires. Ce vaste bassin, que l’on dirait creusé tout exprès pour servir de port à Bizerte, sera facilement, suivant les besoins du trafic et conformément aux projets de la Compagnie du Port, bordé de quais et aménagé pour devenir un port de commerce très fréquenté. Nous doublons la pointe de Sebra ; elle ferme au sud la belle rade naturelle qui est comme le vestibule du lac; son feu, placé exactement dans l’axe du canal, dirige de loin l’entrée des bateaux. Nous glissons rapidement entre les berges du goulet, large en moyenne de 1 kilomètre; à notre droite, une nouvelle échancrure s’enfonce dans les terres : c’est la baie Ponty, où s’abrite la « défense mobile ». Sur la pointe qui porte le vieux marabout de Sidi-Salah, s’élève une belle construction neuve : là, dans un admirable site, dominant le goulet, la rade et l’entrée du lac, réside le commandant de la division de Tunisie. Nous abordons au fond de la baie, auprès d’une frégate d’ancien modèle, le Talisman, qui sert de caserne, de bureaux et de magasin à la « défense mobile ». Près d’elle, sont rangés les longs fuseaux gris des quatorze torpilleurs attachés au port de Bizerte; explorateurs infatigables des côtes africaines, ils vont, rasant les falaises, scrutant les plus petites criques, jusqu’à La Goulette, où ils ont une « station », jusqu’à Sfax, et jusque dans cette belle rade que l’île de Djerba sépare de la haute mer.