340 EIZÈRTE ville, le lac et la mer : c’est la demeure du consul d’Angleterre. Au loin, des séries tle dunes se prolongent vers l’est et vont rejoindre les hauteurs du Ras-Zebib. Nous redescendons vers la ville et, tandis que le soleil décline, nous longeons les murailles de l’antique Kasbah, qui a succédé elle-même à la citadelle d’Hippo-Zarytos ; la vieille colonie de Tyr s’élevait là, à l'issue du déversoir du lac qui lui servait de port. Comment ne pas rêver d’his-toii’e sur cette terre imprégnée du passé ? Là-bas, au large, ont vogué les trirèmes de Carthage et celles de Rome ; elles se sont abritées dans le vieux port, agrandi et fortifié par Agathocle, comme s'y abritent encore les bateaux légers des pêcheurs de Bizerte. L’armée farouche des mercenaires s’est emparée de la ville ; de ces hauteurs, les Gaulois, les Ligures, les Grecs ont jeté un regard de regret et d’indicible espérance sur cette mer, qui aurait pu les porter vers la patrie tant regrettée. Bien des siècles plus tard, les nefs du saint roi Louis de France ont dû contourner l’île Cani avant d’aborder la côte tunisienne. Pays de commerçants, de forbans et de pêcheurs, Hippo-Zaritos, dont le temps a fini par déformer le nom en Benzert et Bizerte, avec son abri naturel, son lac et les bancs de poissons qui y pénètrent à chaque saison, a, depuis les Phéniciens, toujours tenté les peuples maritimes ; ils y trouvaient l’avantage d'un port très sûr, s’ouvrant directement sur cette grande voie commerciale que, dès l’antiquité, les bateaux ont suivie. Au quinzième siècle, Bizerte fut un moment conquise par les