LA RÉVOLTE DU ROGUI 161 sollicitent, du chef de la famille, une bénédiction qui est comme la consécration de leur légitimité; de môme, à la guerre, ils se font toujours accompagner par un chérif ouazzani. Mouley-ben-Abdallah, vers 1730, fut le fondateur de la ville d’Ouazzan, et ses deux petits-fils, Mouley-Taïeb et Mouley-Thami, prêchèrent la doctrine et organisèrent la double confrérie connue, en Algérie, sous le nom de Taïbiïn et, au Maroc, sous celui de Touhama. Les chefs actuels de la confrérie et de la zaouïa vivent à Ouazzan, qu’ils gouvernent comme un lief à peu près indépendant; ils parcourent, de temps en temps, le Maghreb, recevant les marques de la plus profonde vénération et recueillant d’abondantes ziara (aumônes). Mouley-abd-es-Selam, qui fut notre allié, vint en Algérie et demanda la protection du gouvernement français, a laissé cinq fils, dont l’aîné, Mouley-el-Arbi, est le détenteur actuel de la baraka. Mouley-el-Arbi n’aspire pas à jouer un rôle politique. Ni lui, ni ses frères, ni ses neveux, n’ont aucune velléité de devenir les compétiteurs de Mouley-abd-el-Aziz. « Pas de sultan sans nous, pas de sultan chez nous », c’est la devise de leur loyalisme intéressé. Une prophétie leur a prédit qu'ils ne régneraient jamais ; au pouvoir temporel, avec tous ses risques et ses tracas, ils préfèrent leur autorité spirituelle, d’autant plus considérable et d’autant plus précieuse qu’elle est moins définie. Dans la crise actuelle, Mouley-abd-el-Aziz a trouvé un loyal appui dans les chefs de la maison d’Ouazzan, et aucun péril ne semble venir de ce côté pour la il