384 GIBRALTAR tique du monde, resta si grand, malgré les découvertes des navigateurs qui ouvraient des roules nouvelles sur les océans, que les Anglais se hâtèrent de prendre pied sur ses rivages : au traité d’Utrecht, ils gardèrent Gibraltar et Minorque, et, pendant les guerres de la Révolution, ils enlevèrent Malte et occupèrent Gorfou. La Méditerranée n’était cependant, à cette époque, qu’un lac avec une seule issue du côté de l’ouest ; les côtes africaines et asiatiques, hantées par les pirates barbaresques, étaient à peine entr’ouvertes aux négociants chrétiens. Mais l’activité du commerce dans les ports européens, la grandeur des intérêts en jeu, l’attrait enfin des souvenirs historiques de Rome, de la Grèce et de l’Orient, faisaient, malgré tout, de la domination de la mer Intérieure, la condition et le signe de l’hégémonie maritime. L’ouverture du canal de Suez, de nos jours, a profondément modifié la direction des grandes voies commerciales ; de cul-de-sac qu’elle était, la Méditerranée devint le couloir le plus fréquenté du globe ; son importance militaire et économique s’en trouva, du coup, prodigieusement augmentée. Maîtriser les routes maritimes, c’est, pour l’Angleterre moderne, une nécessité absolue, la première des maximes de sa politique. Le maintien de sa prospérité est étroitement lié à la durée de sa prééminence sur les eaux ; elle ne saurait se passer, même temporairement, de vendre au loin les produits de son industrie et de recevoir les denrées qu’elle consomme et les matières premières dont s’alimentent ses usines. A mesure