10G LA QUESTION DU MAROC de sa dernière expédition, ses serviteurs eurent ramené à Rbât son cadavre à demi décomposé, mais maquillé, maintenu sur son cheval et faisant encore ligure d’empereur, et quand, à la faveur de ce subterfuge, on eut proclamé son second fils Mouley-abd-el-Aziz, l’énergique Bà-Hamed, organisateur de cette macabre mise en scène, continua la politique vigilante du sultan défunt. La mort du grand vizir laissa sans guide l'empereur actuel; très jeune, semblant plus soucieux de ses plaisirs que des affaires, regardé avec défiance par les anciens serviteurs de son père, à cause de son penchant pour des récréations peu conformes aux habitudes marocaines, comme la bicyclette, le cinématographe, l’automobile, les feux d’artifice, Mouley-abd-el-Aziz marqua d’abord sa prédilection pour un Berbère, venu jadis comme otage à la cour et devenu l’homme de confiance de Bà-IIamed, El-Menebhi, et pour un aventurier anglais nommé Mac-Lean, qui est devenu l’organisateur des plaisirs du jeune sultan. Ce sont ces deux personnages qui ont été chargés, en juillet 1901, d’une ambassade à Londres et à Hambourg; mais, soit qu’El-Menebhi se soit mal acquitté de sa mission, soit que ses adversaires aient profité de son absence pour ruiner son crédit, son retour fut suivi d’une demi-disgrâce. Les conseillers expérimentés de Mouley-el-Hassan, le grand vizir Si-Feddoul-Gharnit et Si-Abd-el-Krim-ben-Sliman, le beau vieillard que Paris et Saint-Pétersbourg ont vu, dans l’été de 1901, à la tête de l’ambassade marocaine, parurent un moment avoir repris une autorité prépondérante;