LA RÉVOLTE Dü ROGUI 175 agents du Maghzen, des marabouts, des cheurfa circulent pour empêcher le soulèvement de gagner ces tribus remuantes et guerrières ; un oncle du sultan, Mouley-el-Arafa, se rend, avec quelques troupes, à Tanger, puis près de Melilla, pour surveiller le Rif, et enfin dans la région d’Oudjda, pour prendre à revers le prétendant. Tel est le jeu ordinaire de la politique du Maghzen : il est bien loin d’être le maître de tout le territoire du Maghreb, mais il a à lutter contre des adversaires sans cohésion; il augmente leurs divisions par d’habiles intrigues, par de l’argent adroitement semé; il attise les haines, entretient les rivalités; il sait aussi, quand il le peut faire sans péril, frapper rudement et faire expier en quelques jours des années de patience et d’humiliations. Ne croirait-on pas voir Louis XI, ou quelqu’un de nos vieux rois, venant à bout des forces féodales en les opposant les unes aux autres, se servant au bon moment de l’influence de Rome et des évêques, soudoyant les consciences, achetant les trahisons, payant les fidélités, jusqu’au jour du règlement de comptes final ? IV Depuis plus d’un an les adversaires sont en présence ; les tribus soulevées n’ont pas fait leur soumission, mais le Rogui n’a pas non plus supplanté le sultan. Après une marche qui a duré plusieurs mois, El-Menebhi a fini par entrer à Taza; puis, après quelques semaines il a dû en