436 LE MAROC eussent débarqué sur la plage de Sidi-Perruch ; la prise d’Alger, si elle a été le premier acte de la conquête, est aussi la conclusion d’une histoire déjà longue. Dès le dix-septième siècle, le pavillon fleurdelisé était respecté sur les côtes barbares-ques. Le sultan Mouley-Ismaël, dont l’empire comprenait Tlemcen et Tombouctou, envoyait une ambassade saluer en Louis XIV le plus puissant prince de la chrétienté ; il lui faisait demander la main de Mlle de Conti, fille du roi et de La Vallière. Le baron de Saint-Amand, à son tour, se rendait à Marrakech pour conclure, de la part du Roi Très-Chrétien, un traité d’amitié avec le grand empereur du Maroc. A maintes reprises, les vaisseaux de nos rois se montrèrent sur les côtes du Maghreb; la France, ramassant l’épée que l’Espagne avait laissée choir, devenait, en face des infidèles, en Orient comme dans l’Afrique du Nord, la gardienne des intérêts de lachrétienté. Si l’Espagne peut rappeler avec orgueil les souvenirs de sa croisade séculaire contre les Maures, nous ne devons pas oublier la longue tradition, ininterrompue depuis les temps de François Ier, de notre politique orientale et chrétienne, dont notre action au pays du Maghreb n’a été qu’un chapitre. Survint Trafalgar, où les flottes de France et d’Espagne succombèrent en vue des côtes marocaines. Notre prestige dans les pays barbaresques en fut ébranlé durant quelques années, jusqu’à ce que la monarchie des Bourbons, au moment de disparaître de l’histoire, eut, en s’emparant d’Alger, indiqué à la France, avec cette étrange