LE TRAITÉ DE 1845 197 ne nous a pas lié les mains dans notre expansion nécessaire vers le sud i. II Plus encore que les lacunes, volontaires ou non, du traité de Lalla-Marnia, plus même que la précision gênante de certains de ses articles, les tâtonnements et les gaucheries de notre politique ont paralysé notre action dans le Sud-Oranais : si Figuig est devenue, en quelque mesure, marocaine, il n’est pas exagéré de dire que c’est, plus qu’au texte de la convention, à notre manière de l’interpréter et de l’appliquer qu'il le faut attribuer. Le méridien qui passe à Nemours, la dernière ville algérienne avant la frontière du Maroc, laisse beaucoup à l’est les oasis de Figuig. Le célèbre auteur de Y Histoire des Berbères, ibn-Khaldoun, indique, comme limite du Maghreb-el-Aksa, la Moulouya et l’oued Guir, c’est-à-dire une ligne située notablement à l’occident de Figuig. Avant l’arrivée des Français en Algérie, Figuig avait toujours vécu complètement indépendante ; jamais les Turcs n’y pénétrèrent, et quant aux sultans 1. Disons ici une fois pour toutes que nous avons largement utilisé les quatre volumes de Documents pour servir à l'étude du Nord-Ouest africain, réunis et rédigés par ordre de M. Jules Cambon, gouverneur général de l’Algérie, par MM. H.-M.-P. de la Martinière et le capitaine Lacroix. —• L’excellent petit Historique de la pénétration saharienne, de MM. Augustin Bernard et le capitaine Lacroix ( Alger-Mustapha, 19Ü0), nous a été également un précieux guide.— Cf. Rinn, Nos frontières sahariennes (Alger, 1886, in-8).