LENTENTE FRANCO-ITALIENNE 69 Longtemps, les promoteurs de l’entente intime entre la France et l’Italie ont fait miroiter à nos yeux la perspective d’une dislocation définitive de l’œuvre de Bismarck, la triple alliance. D’abord, on annonça que le traité ne serait pas renouvelé, puis qu’il le serait, mais avec des modifications qui en changeraient l’esprit et la portée ; l’on reconnut enfin que le traité avait été purement et simplement renouvelé et l’on se contenta d’affirmer qu’il n’avait jamais contenu aucune clause qui fût dirigée contre la France et qu’il n’était qu’un instrument destiné à assurer le maintien delà paix. En vain a-t-on essayé d’épiloguer sur les mots, en vainM. Prinetti etM. Delcassé ont-ils cherché, par des habiletés de langage, à donner le change à l’opinion ; à bien lire leurs déclarations du 24 mai et du 3 juillet 1902, il est facile de conclure qu’une alliance défensive existe toujours entre l’Allemagne et l’Italie et qu’elle oblige cette dernière à secourir son alliée, si elle est attaquée. Toute la subtilité du raisonnement roule sur le mot « agression » et sur le caractère de la triple alliance. « Ne contenant rien d'agressif contre la France, ni rien qui menace sa tranquillité et sa sécurité, a dit M. Prinetti, la triple alliance ne saurait en aucune façon être un obstacle au maintien et au développement des relations cordiales avec la sœur latine. » Et M. Delcassé : « En aucun cas, sous aucune forme, l’Italie ne peut devenir ni l’instru1 ment, ni l’auxiliaire d’une agression contre notre pays», et encore:« La politique de l'Italie, par suite de ses alliances, ne saurait, en aucun cas, comporter une menace pour nous, pas plus dans