l’irrédentisme contemporain 57 Raison d’État extérieure, d’abord. Si l’inéluctable fin du Drang nach Oxten est d’installer la race germanique sur le canal d’Otrante et la mer Kgée, sa préparation exige le concours d’autres races, complaisantes ou aveuglées. Depuis quelques années, malheureusement, un grand nombre de Croates se sont fait les auxiliaires de la politique orientale du cabinet de Vienne. C’est en somme le même clergé, le même type d’instituteur, la même école de publicistes, qui servent de garde-frontières ou de pionniers à cette politique, et qui visent à s’emparer des Diètes provinciales, de l’école et des finances publiques, d’accord avec les Slovènes, sur le littoral austro-hongrois. Il en résulte que, sans goûter le moins du monde le programme de la « Grande Croatie » — formulé, il y a une trentaine d’années, par Starcevitch ' — le gouvernement viennois doit ménager, en Istrie 1. Ce programme, que nous avons exposé en détail dans un ouvrage précédent (V. Le Ualkan slave et la crise autrichienne), consisterait à unifier en un seul corps politique tous les Croates et tous les Slovènes, sur leur domaine ethnographique, soit des frontières du royaume de Serbie aux confins allemands de laCar-niole, et des Bouches de Cattaro au golfe de Fiume. La constitution d'un Etat jugo-slave indépendant sur la côte orientale de l’Adriaque, à la condition qu’il respectât les titres