204	le pangermanisme
d’abord, sur l’inexorable constriction qu’il subit d’autre part. Direz-vous que le fédéralisme aboutirait à faire de l’Autriche-Hongrie un Etat aussi sincèrement neutre que la Suisse? Mais l'histoire, la géographie, les grands intérêts économiques protestent. Cette prétendue « Suisse » serait toujours une monarchie, dépositaire de hautes traditions diplomatiques et militaires. Que l’héritier de Rodolphe de Habsbourg porte une couronne, ou trois, ou six, il est incapable d’abdiquer à ce point son ambition atavique et son rang dans le monde. Faites sa part aussi large que possible à l’autonomie des administrations et des langues — car c'est l’essence du fédéralisme <i l’intérieur — il y aura toujours, à Vienne, au moins trois ministères communs, les Affaires étrangères, la Guerre, la Marine et, au-dessus d’eux, la Cour. Déloger de la Cour et de ces trois ministères l'esprit qui, après avoir fait l'Autriche, l’empêche seul encore aujourd’hui de se défaire, c’est une tâche que nous souhaitons légère aux fédéralistes, sans entretenir, d’ailleurs, d'illusions sur son succès.