LA QUESTION ALBANAISE 127 encore qu’en Erythrée. On peut même discuter si l’Albanie se prête au rôle de « colonie de rapport », de « colonie de repeuplement », ou résiste, par ses conditions ethnographiques, sociales, agricoles, à une tentative de colonisation quelconque. Toutefois deux points sont certains. Du jour où, faute d’avoir pu lever ces difficultés ou ces scrupules, l’Italie devrait souffrir que la monarchie austro-hongroise s’installât à sa place en Albanie, l’indépendance de sa côte orientale serait irrémédiablement compromise. L’Adriatique deviendrait, non plus par métaphore, mais à la lettre, un lac austro-hongrois. De plus, tous les rapports immédiats, soit politiques, soit commerciaux, entre la péninsule italique et celle des Balkans, rapports indiqués par la nature, consacrés par l’histoire, seraient interceptés au profit de la même puissance. L’Italie se trouverait, du même coup, investie et isolée : investie non plus seulement par les Alpes, mais par mer; isolée des Balkans, qui deviendront quelque jour un théâtre d’événements intéressant toutes les nations, ouvert à toutes les compétitions, présentant à une diplomatie alerte