144 LA QUESTION ALBANAISE les affaires de l’Orient européen. C’est de la crise chinoise que nous voulons parler. Dans la contemplation, souvent un peu mélancolique, des progrès de l’influence austro-hongroise sur la rive opposée du canal d’Otrante, une arrière-pensée rassérénait les hommes d’Etat italiens, fis se disaient — comme nous l’avons noté déjà1 — que la rivalité classique entre intérêts russes et autrichiens dans la péninsule des Balkans suffirait à empêcher ceux-ci d’acquérir une prépondérance inquiétante. Du reste, selon le texte même de l’entente conclue avec la Russie en 1897, sur la base du statu quo, l’Autriche-Hongrie n’avait-elle pas les mains contractuelle-ment liées en Albanie ? C’était sans doute le langage que tenait le comte Nigra, fort en cour à Vienne, et impertubable garant de la pureté des intentions du Ballplatz, quand par hasard la Con-sultà éprouvait le besoin de se faire rassurer par son ambassadeur. A cette confiance, Machiavel n’eût pas reconnu sa famille. Les rapports consulaires de ces trois dernières années attestent, au 1. V. chapitre i, p. 24.